lundi 4 février 2008

Enregistrements audio du bureau trapèze: who are we ?

Démarrage de la retranscription

- Le président: Il nous reste encore la réunion avec les syndicats demain , n'oublis pas tes gants de boxe!
- Le ministre du travail et de la fonction publique: oui, c'est vrai,...
- P: qu'y a t-il , un problème?
- M: non pas du tout
- P: tant que tu ne fais pas semblant de rire à mes blagues idiotes c'est qu'il y a un problème
- M: hmmmm...est ce qu'il ne serait pas temps de s'adresser à la nation pour lui parler de ce qui la préoccupe vraiment.
- P: Et qu'est ce qui la préoccupé vraiment? en dehors des résultats de la CAN évidemment

- M: et bien qu'en est-il de son identité , des acquis des femmes tunisiennes aussi, que va t-on faire des suppôts de l'ancien régime: une amnestie ou des procès?

- P: Laisses moi te demander quelque chose quel est le rôle de l'Etat?
- M: Le rôle de l'Etat est de développer un espace où les droits du citoyen sont protégés et ses devoirs envers la société accomplis.

- P: Exactement le rôle de l'Etat est de définir un cadre qui permet et encourage chacun à développer son potentiel. Tous ces concepts: identité, acquis , etc. sont magnifiques mais il poussent à faire Retour Vers le Passé , (ce que nos concitoyens n'arrêtent pas de faire depuis la découverte au 19ème siècle de ce gap entre eux et la civillisation occidentale) pas à en apprendre pour développer l'avenir. Prenons par exemple l'identité , crois tu vraiment qu'un Etat peut décider à la place d'un citoyen ce qu'est son identité par une loi comme on déciderait du prix du pain? Pire au moins le pain ça se mange!

- M: Alors pourquoi ne pas abroger le fameux "Etat arabe dont la religion est l'islam" ?
- P: Parce que président est une fonction populaire , parce que le peuple vote pour un homme pour l'image qu'il leur renvoie, ils doivent voir en lui une partie d'eux mêmes . Si j'abroge cette phrase en ce moment ce lien sera rompu et ils n'attendront pas de récolter les bénéfices de la politique que nous essayons de mener à bien tant bien que mal, pour me mettre dehors avec un pied au c..


J'ai un besoin désespéré de temps pour faire en sorte que mes compatriotes aprennent à être eux mêmes et à en être fiers.
Nous sommes un peuple qui n'a expérimenté que la peur : peur de l'Etat, peur de l'avenir et même peur les un des autres. Face à un Etat qui ne les représentaient pas ils avaient besoin d'avoir Quelque chose Au moins! dans cet Etat qui les représentaient, qui leur rendaient un semblant de fierté et d'orgueuil et cette chose , c'est le mot "arabe et musulman".
Ce n'est que lorsqu'ils auront des institutions en bon état de marche qui leurs assurent justice et équite, qui leurs
assurent que celui qui travaille bien est récompensé et celui qui ne marche pas droit est puni , qu'ils auront confiance dans eurs institutions et dans leur avenir. Ils seront fiers d'appartenir à cette société qu'ils auront forgé ensemble.


Les valeurs : honnêteté , travail , respect
auront un sens pour eux , et une réelle existance physique qu'ils peuvent toucher, qu'ils peuvent montrer à leurs enfants pour leur apprendre à suivre les règles de la vie en société Crois moi ce sera le jour où on aura réalisé cela, le jours où les tunisiens ne seront plus pressurisés par la misère , les lois arbitraires, le manque de justice et d'éducation .

Ils n'auront plus besoin que l'Etat leur dise qui ils sont , car ils choisiront par eux mêmes leur identité : Ils sont Tunisiens appartenant à un Etat souverain qui leur garantit justice et liberté et l'espoir d'un avenir meilleur! C'est cela leur base commune , leur refuge , leur pilier et la source de leur orgueil.

Je ne veux pas continuer sur le même chemin que mes prédecesseurs . Je ne veux pas faire un Etat qui vous espionne qui se mêle inutilement
de ce que vous êtes de ce que vous faites et de ce que vous pensez , de vos convictions et de vos pratiques. Cela n'a rien d'étonnant que nos compatriotes soient devenus de tels "haj kloufs" , c'est l'Etat qui leur a donné l'exemple du tkoulif.

- M: tu sais nous méditerranéens avons toujours eu le "tkoulif" dans le sang.
- P: Eh bien un peu moins , ça ne peut nous faire que du bien.
Et puis je ne veux plus non plus détourner l'attention des électeurs de la politique que je mène en leur parlant de ce genre de sujets populaire.
Pourquoi parlerais je de la femme maintenant? la femme
est un citoyen comme un autre et si nos citoyens n'en sont pas convaincus les lois qui seront ratifiées se chargeront de leur rappeler.


Je ne veux pas ressembler à ces politiciens qui détournent l'attention de leurs erreurs en leur montrant les droits de la femme comme une réussite alors qu'il s'agît du devoir de tout Etat qui se respecte : traiter se citoyens de façon égalitaire. Je ne veux pas utiliser la même logique que ces messieurs de l'azhar qui détournent l'attention de la population des problèmes et de la misère en leur présentant la femme en pâture. Voilà pourquoi je ne communiquerai rien sur les droits de la femme. Quant à l'ancien régime..

- M: Quoi ! Ne me dis pas que tu vas les laisser partir ainsi, ce serait là la véritable trahison envers notre combat depuis des années.
- P: Tout doux , je n'ai pas besoin de les laisser partir , les plus grosses têtes sont déjà partis , il ne reste plus que
les troufions. J'en ai déjà discuté avec le ministre de la justice, nous n'allons pas institutionaliser une justice de vengeance ou les anciens opposants et victimes viennent voir le sang de leur anciens bourreaux et geôliers

- M: Une justice de "la grande réconciliation" somme toute , vous vous prenez pour Mandela tous les deux.


- P: Non pas le moins du monde , il n'est pas question que tout le monde s'en sorte avec une simple confession publique. Il faudra certes qu'ils se confessent mais ils devront payer leur dette à la société par quelque chose de productif, pas question que le contribuable paie pour eux une retraite dans nos prisons surpeuplées, il a déjà assez payé comme ça pour 'ancien régime.
Ce sera traveaux d'intérêt général pour tout le monde jusqu'à la retraite , et ceux qui ont déjà passé l'âge
vont y aller de leur poche.
Nous voulons que cette société passe le cap, digère ce traumatisme et se pardonne son passé et son silence apeuré face au crime, qu'ils puissent aller de l'avant...

-M: je doute qu'un passé qu'ils n'ont pas condamné réellement , enfin pas plus que l'on ne condamne un petit voleur à la tire,
sera réellement compris pour qu'on ne retombe plus jamais dedans.

- Peut être mais le passé nous a appris que le public qui réclame à corps et à cri le bain de sang , ne le réclame pas pour la justice mais par un ancien instinct de vengeance. Et la vengeance est passion, elle sort des tripes, elle ne pousse jamais à une analyse lucide du passé à une reconnaissance de ses propres erreurs.

Fin de la retranscription

3 commentaires:

Mouhad El Brel a dit…

que voudrais tu venger à titre personnel?
quelles sont tes blessures?

Mouhad El Brel a dit…

que souhaites tu donc venger à titre personnel?

...bien, répondre poste restante...

trainspotting a dit…

je ne veux venger personne , c'est cela le message. lorsqu'on observe les pays africains ou arabe, chaque régime qui vient cherche à éliminer les traces du précédent , ce n'est pas le but.C'est un vieux instinct tribal qui n'a rien de productif